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Discours de Daniel CUCHE, maire de Saint-Hilaire à l’occasion de la venue du Général de Gaulle le 10 juin 1945
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Mon Général, Mesdames, Messieurs.
Il y aura un an dans quatre jours, notre cité fut détruite. Notre douleur devant nos morts et nos ruines fut immense, mais une certaine fierté nous gardait la tête haute. Nous savions que notre sacrifice était nécessaire. Nous savions qu’il retardait l’arrivée des renforts allemands sur le front. Nous savions enfin, que derrière la ligne de feu, vous étiez-là, mon Général, nous apportant la Liberté. Notre dette de reconnaissance est très grande. Elle sera acquittée. Le normand est fier de sa parole et de la confiance accordée. Vous avez la première et gagné l’autre. Nous vous suivrons dans votre volonté de refaire la France grande et belle. C’est pourquoi nous travaillons sans relâche pour renaître. Tous nos sinistrés sont relogés, tant bien que mal. Le commerce a repris, nos foires sont presque comme avant guerre. Nous avons déblayé nos ruines. Ce travail entrepris au lendemain de la Libération s’est continué sans arrêt, par tous les temps, avec des brouettes, des chevaux et plus tard des camions. A l’heure présente, un an juste après le désastre, ce travail est pratiquement terminé. De nos déblais, nous avons fait une route amorçant ainsi le plan d’aménagement de saint hilaire. Mieux encore, nous avons commencé la reconstruction. Palliant au défaut de confort de certains logements, au manque de baraquements, nous avons entrepris de construire une maison définitive. C’et, nous l’espérons, le prélude heureux de réalisations plus importantes, qui permettront aux Saint-Hilairiens d’attendre la reconstruction complète de la ville. Cette maison, les ouvriers de St hilaire l’ont bâtie avec entrain. Ils l’ont exécutée en trois semaines. Faite avec des matériaux de récupération, elle coûte sensiblement le même prix qu’une baraque en bois de même grandeur. Par ailleurs, sa valeur et son usage demeureront pendant de longues années. Il n’en serait pas de même des constructions provisoires. C’est la première maison construite dans la Manche, peut être aussi, la première de toute la France dévastée. Nous espérons qu’elle vous plaira. Nous avons voulu vous montrer par là que nous vous suivons sans restriction, que nous avons compris et que nous voulons refaire de notre Patrie un grand pays. Notre turbulence outre souvent l’administration routinière comme la poussière de ses dossiers. Mais nous croyons être dans la bonne voie en œuvrant vite et du mieux possible. Nous demandons seulement la possibilité de continuer notre œuvre de reconstruction. Vous nous avez donné la liberté, notre travail nous donnera la Grandeur. J’espère ne pas avoir trahi la confiance de ses concitoyens en vous ayant montré, mon Général, cette ville qui veut revivre parce qu’elle vous admire et vous aime, pour que, Vive la France Vive le Général de Gaulle |
Discours prononcé par le Général de Gaulle le 10 juin 1945
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Les paroles que vient de prononcer M. le maire de St hilaire, qui sont profondément émouvantes dans
leur simplicité et dans leur force, ces paroles expriment tout ce que je voulais dire, tout ce que aussi, je vous l’avoue,
j’attendais.
Ce qu’il a dit votre maire, c’est d’abord vos épreuves, vos ruines, hélas ! on ne les voit que trop. Mais c’est aussi le courage, l’énergie, la résolution avec lesquels, tous et toutes ici, vous voulez refaire votre ville, votre cité, malgré ces ruines, malgré vos pertes, malgré vos chagrins, malgré tout ce que vous avez éprouvé, tout ce que nous avons éprouvé ensemble, de douleurs, d’humiliations, malgré tout cela vous voulez refaire votre ville et la refaire comme vous voulez, qu’elle soit faite. Et bien ! Vous avez raison !Le Gouvernement est averti de votre courage et de la façon dont vous avez idée vous même, et c’est pourquoi les pouvoirs publics, dans toute la mesure de leurs moyens, vous aideront. M. le ministre de la reconstruction est là pour en témoigner. Et puis, en comparant ce qu’est St Hilaire avec ce qui s’y trouve détruit, mais aussi avec ce qui en est sorti, avec sa volonté de renaître, et bien, je trouve que vous ressemblez singulièrement ici à toute la France, à toute la France, oui ! Nous avons perdu beaucoup dans tous les domaines, sur tous les terrains, nous le savons bien, nous savons aussi pourquoi. Mais nous sentons en nous-même, d’un bout en l’autre de la France, la volonté résolue de nous rétablir, de devenir prospères, de devenir puissants, de devenir meilleurs. Cela existe partout c’est la volonté commune, même quand quelquefois, et c’est bien naturel, elle se trouve traduite assez mal par quelques courants contradictoires, c’est la volonté du pays tout entier, et c’est pourquoi, c’est en toute confiance, que la France veut envisager l’avenir. Comme sa fille St Hilaire du Harcouët, la France l’envisage pour elle-même c’est en tout confiance qu’elle envisage l’avenir parce qu’elle sait qu’il sera ce qu’elle le fera elle-même, et qu’elle veut qu’il soit bien fait malgré les obstacles qui naissent de nos propres natures, mais que nous saurons vaincre malgré ceux que l’on sème sous nos pas en provoquant des difficultés provisoires avec nous-mêmes, et en profitant de ces difficultés, bien à tord dans l’intérêt du monde, car, n’est ce pas, il est bien vrai que dans l’intérêt du monde, ceux qui contrarient le bien des autres, le droit des autres, ne font pas de très utiles ni de très bonnes actions. Ces obstacles extérieurs nous les vaincrons aussi, nous le savons bien, les circonstances ne seront pas toujours les mêmes. Nous en avons vu d’autres, dont nous sommes sortis. Nous surmonterons également ces obstacles. Personne n’en doute. C’est donc en toute confiance que la France voit repousser sa fille, St Hilaire, et c’est en toute confiance que vous tous et vous toutes, enfants de St Hilaire, vous voyez renaître votre ville, au milieu d’une France qui renaît. Vive la France ! Puisqu’il y a une pareille unanimité de sentiments ici, comme ailleurs partout, nous allons l’exprimer une fois de plus, mais très sérieusement, en chantant de tout notre cœur, l’hymne National, de tout notre cœur, la Marseillaise ! |
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