Faits divers...faits d'hier à St-Martin-de-Landelles avant-guerre
(1912-1935)
Rien n'est plus comme avant ! On est plus en sécurité chez nous ! L'examen de la Presse d'hier montre néanmoins que ce
souci était fort actuel chez nos pères. Notre concitoyen R.Lelièvre a relevé pour nous de forts intéressantes statistiques sur la période d'avant-guerre
qui montrent que les vols le disputaient aux coups et blessures au hit parade des faits divers.
On volait du chanvre à rouir, des vaches, des arbres, de la nourriture car bien des fermes étaient ouvertes à tous les vents quand les
propriétaires étaient partis, par exemple « aux bêtes ».
En 1925 ainsi à Lécussais, en passant par le cellier, les malandrins pas satisfaits déjà d'avoir dérobé une grosse somme dans une armoire,
s'attablèrent consommant pain beurre, fromage, le tout accompagné du café arrosé d'un miot d'eau-de-vie. Deux ans plus tard les artisans du
bourg eurent aussi à se plaindre de larcins du même genre pour lequel un jeune domestique de ferme n'eut pour seule excuse que de se refaire
après les beuveries effectuées avec les camarades conscrits de la classe !
A Beausoleil en 1933 ce furent des livres de beurre, des oeufs, un poulet, qui furent dérobées nuitamment en
plusieurs endroits, sur plusieurs semaines, ce qui mit tout le hameau en émoi car il fallait être du coin pour trouver ces victuailles
habituellement précieusement ramassées.
Tout ça était mis plus ou moins sur le compte des vagabonds qui abondaient dans la région. Ils devaient disposer d'un carnet anthropométrique
que les gendarmes se faisaient un plaisir de contrôler, et faisaient de fréquents allers-retours vers la prison de Mortain où certains, la bise
étant venue, se faisaient un plaisir de rejoindre !
Certains de ces pauvres hères étaient si mal en point que comme en 1913 à la Froidrière, en décembre, ils en venaient à casser leur pipe de
congestion tout autant de froid que de boisson. Ce voyageur peu ordinaire parti de l'Yonne, venait en un an de faire quasiment le tour de France
à pied. « Pierre qui roule n'amasse pas mousse » dit le proverbe, et il n'avait plus que deux sous en poche...et fut donc enterré sur place,
aux frais de la commune.
En mai 1924, un habitué des prisons, journalier ambulant de Coutances, était trouvé dans le bourg en flagrant délit de mendicité « il paraissait
enchanté de retourner à la prison de Mortain qu'il avait quitté quelques jours plus tôt » signalait ironiquement le journal.
L'année suivante, c'est à la « cloche de bois » que partait un bucheron journalier au Bois-Renault ayant également ainsi grugé cultivateurs
des environs et commerçants du bourg. Les gendarmes avaient parfois la main heureuse arrêtant en fin d'année dans le bourg, un breton qui venait de
voler un cultivateur des Biards. Ces chemineaux « frontaliers », se faisaient souvent remarquer quémandant ici et là un bout de pain faisant
leur apparition hirsutes, et parfois (l'excès de goutte aidant), menaçants dans les fermes où on vivait le plus souvent à la dure.
Les coups pleuvaient drus, surtout après boire, avec les domestiques, la patronne, les voisins, pour des questions
souvent futiles. En 1934, une gerbe mal reçue lors de la corvée de battage à la Bergerie, entraîna une monumentale « beigne » sur un gamin de
quinze ans, qui se solda par 13 F d'amende pour le cultivateur un peu trop irascible. 25 F encore l'année suivante aux Touches où sur une propriété
discutée, un couple se jeta sur son adversaire, le rua de coups le saisissant cul par dessus tête pour le projeter comme un paquet de linge sale au
dessus d'un palis haut de plus d'un mètre. Atterrissage rude donc occasionnant 8 jours d'arrêt de travail pour le voisin envahissant.
Les incendies, régulièrement, défrayaient la chronique, particulièrement dans les « boulangeries », ces petits
bâtiments au fond des clos où le maître de maison faisait encore son pain. Une faute d'inattention comme en 1920 au Bel Orient ou en 1925 à la Jumelais,
et tout s'envolait en fumée, le tout aggravé par le fait que bien souvent il n'y avait pas d'assurances.
Les animaux étaient l'objet de toutes les inquiétudes : chiens et vaches enragées, noyés ou empoisonnés ou encore
accidents de chasse cocasse comme à la veille de la grande guerre où le meilleur nemrod de la commune prêta à son ami, son meilleur chien d'une grande
valeur, et auquel il tenait beaucoup. « L'ami, explique le journal, peu expérimenté à la chasse prit le pauvre chien pour un lièvre au moment où il
franchissait un fossé, tira dessus et lui brisa les quatre pattes. On dut l'abattre ».
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